Vous avez réussi à nous aliéner de notre propre langue
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez vos singeries, parlez-moi de grâce
Nous nous mourrons et ne voulons plus être “gérés”, “institutionalisés”, “nationalisés” ou “étatisés”
Vous avez réussi à nous aculturer de notre propre culture
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez vos âneries, parlez-moi de grâce
Nous nous mourrons et ne voulons plus de marchands du temple de notre identité
Vous avez réussi à vendre au plus offrant ce qui était de plus sacré
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez la profanité, parlez-moi de grâce
Nous nous mourrons et ne voulons plus consommer le savon que vous persistez à produire
Vous nous avez enterrés alors que nous n’étions pas morts
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez la machine, parlez-moi de grâce
Nous nous mourrons et ne voulons plus que vous nous isoliez
Vous nous avez entre-déchirés, l’argent, le pouvoir et la nouvelle immigration, « same old »
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez la division, parlez-moi de grâce
Nous nous mourrons et ne voulons plus de nouveaux plans d’action , de consultation bidon ou autre diversion
Vous avez tué nos jeunes, nos entrepreneurs, nos nouveaux arrivants, nos créateurs et nos rêveurs, ceux qui représentaient nos espoirs
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez la mascarade, parlez-moi de grâce
Nous nous mourrons et ne voulons plus perdre le peu de temps qui nous reste
Vous l’avez monopolisé avec des banalités, dénis ou faux-fuyants
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez le non-dit, parlez-moi de grâce
Nous nous mourrons et ne voulons plus que ceux qui nous ont précédés soient méprisés
Vous avez renié ce passé
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez l’oubli, parlez-moi de grâce
Nous nous mourrons “ici” et ne voulons plus que ça se passe ailleurs par proxy
Vous avez ignoré ce qui se passait “ici” au profit de “l’ailleurs”
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez le travesti de “l’ici”, parlez-moi de grâce
Vous êtes nos morts vivants, la peur vous a tués, la machine vous a dévorés
Vous avez ainsi pris la relève de l’oppresseur du “Speak white”, langues fourchues c’était pourtant du déjà-vu
Nous avons réussi à éviter la Machine
Nous aspirons à mourir en Paix après avoir pleinement vécu, qu’y a-t-il d’autre?
Sans même un “Speak white”, le fallait-il vraiment?
Cessez, vivez, et parlez-moi de grâce parce que nous savons que nous ne sommes pas seuls…
Un essai poétique “citoyen” inspiré de “Speak White”, de Michèle Lalonde récitée 40 ans plus tôt à Montréal lors d’une nuit de la poésie