Written by Noémie Moukanda
Quatre piliers propres à la situation européenne
The Afro NEWS EUROPE
Réunis à Nice le 13 septembre dernier, l’Eurogroupe – forum informel des ministres des Finances de l’Union européenne – a signé un accord de stratégie afin de lutter contre le ralentissement économique. Un ralentissement provoqué par les différents chocs subis ces derniers mois tels que la flambée des coûts de l’énergie, la valeur de l’euro, ou encore la crise financière.
Le diagnostic posé s’axera sur une utilisation prudente du levier budgétaire et du soutien aux petites et moyennes entreprises – PME – a exposé la ministre française de l’Economie Christine Lagarde. Elle a présenté cette stratégie qui se décline en quatre paliers.
Premièrement, la politique budgétaire doit se mener dans le respect du pacte de stabilité et de croissance. En effet, les pays de la zone euro coordonnent leurs politiques économiques au niveau européen par ce pacte qui vise à assurer une discipline budgétaire et d’éviter l’apparition de déficits excessifs ; c’est-à-dire au-delà de 3 % du produit national brut (PIB).
Le deuxième pilier – la poursuite des réformes structurelles – refuse tout immobilisme ou attentisme. Selon Mme Lagarde, ces mesures faciliteraient la restauration du pouvoir d’achat, tout en favorisant la concurrence.
En troisième lieu, les PME se verront soutenues par la Banque européenne d’Investissements. Ce soutien financier confirmé par l’UE se ferra toutefois dans un cadre de renforcement des conditions de crédit.
Enfin, le dernier pilier consiste à traiter le mal par la racine. En cela, les 15 pays de la zone euro entendent poser les bases d’un système uniformisé de supervision financière à l’échelle continentale. Les ministres ont ainsi instauré la règle de la majorité qualifiée en place de celle de l’unanimité, en vue d’appliquer les décisions des superviseurs européens.
Cette concertation des ministres des Finances s’est conclue par l’assurance de la présidence française « de mettre en œuvre sans brefs délais ses mesures destinées à restaurer la confiance par la transparence et la responsabilisation des acteurs ».
Pas de plan de relance à l’américaine
Joaquin Almunia, commissaire européen aux Affaires économiques, a insisté sur la nécessité pour les Etats membres d’atteindre avant tout leurs objectifs d’équilibre budgétaire, car l’heure n’est pas à un plan de relance à l’instar des Etats-Unis. En outre, le ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a remis en question le succès de cette politique. Il a déclaré ne pas être certain « que le stimulus fiscal de 150 milliards de dollars environ accordé aux ménages et aux entreprises cette année ait obtenu tous les résultats escomptés ».
Par ailleurs, Jean-Claude Juncker a rappelé pourquoi une telle stratégie ne pourrait s’adapter à la situation européenne. Effectivement, l’Europe possède des mécanismes de transmission différents et garde un souvenir amer de la crise des années 1970.
Il est donc exclu de voir un plan de relance conjoncturel mis en place en Europe. De fait, certains pays, la France par exemple, enregistrent des marges de disponibilité budgétaires fortement réduites avec des déficits de plus en plus importants.