Written by Noemie Moukanda
Clandestins, sans-papiers, immigrés, réfugiés… tous dans le même bateau
Le 18 juin dernier, le Parlement européen adoptait la directive retour – projet de loi visant à harmoniser les règles en matière d’expulsion des immigrants illégaux au sein de l’Union européenne – pourtant décriée par les partis politiques de gauche et de nombreuses ONG. Plusieurs pays africains et latino-américains s’étaient également insurgés contre cette directive.
Tout en facilitant les départs volontaires, le texte prévoit des cas d’utilisation de la force pour renvoyer les clandestins chez eux. Ce qui pourrait générer une détérioration des conditions d’expulsion. De plus, la directive ne proscrit pas l’expulsion de mineurs et décrète l’exclusion de cinq ans pour un clandestin refoulé de l’Europe.
Les sceptiques craignent malgré certains points positifs, la portée d’une telle directive. Des garanties d’aide juridique gratuite pour les immigrants sans ressources d’une part, et une durée de rétention prolongeable jusqu’à dix-huit mois d’autre part. En outre, chaque Etat membre conserve sa liberté de régulariser ou non sans le statut des sans papiers.
Un pacte sur l’immigration et l’asile aux accents sarkozistes
Présenté à Strasbourg le 7 juillet 2008, et dans la continuité de la « directive retour », le Pacte sur l’immigration et l’asile redonne le ton de la politique que le président français, Nicolas Sarkozy, compte mener. La présidence de l’Union européenne assumée par la France a donc débuté en force avec ce texte échafaudé par son ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, Brice Hortefeux.
Dès son préambule, le pacte laisse planer le spectre de Nicolas Sarkozy en rappelant que « l’Union européenne n’a pas les moyens d’accueillir dignement tous ceux qui voient en elle un eldorado ». Quoi de plus normal quand on sait que son architecte est un vieil ami du président de l’Hexagone. Bien que davantage symbolique que politique, pour l’instant, ce pacte ne rassure toutefois pas. Car les vraies questions semblent ne pas avoir été posées. Quid du vieillissement de la population ? Par ailleurs, l’adoption de ce pacte – signature prévue en octobre prochain – laisse craindre une image du Vieux continent barricadé, hermétique, replié sur lui-même, tandis que l’heure est à la mondialisation, à la levée des frontières.