Written by Noémie Moukanda
Plus de 100 millions de femmes vivent avec les séquelles d’une mutilation génitale
Sous quatre catégories principales, la clitoridectomie, l’excision, l’infibulation ou l’excision pharaonique, les mutilations génitales féminines (MGF) englobent les interventions chirurgicales consistant à enlever totalement ou partiellement les organes génitaux externes de la femme ou à leur causer d’autres lésions pour des raisons culturelles ou non thérapeutiques.
Ces différentes formes de mutilations sexuelles sont qualifiées, par l’Office mondial de la Santé – OMS – « d’interventions qui altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales ». De fait, l’excision est principalement une affaire de tradition, aussi bien religieuse, culturelle que sociale. Par conséquent, elle fait fonction de rite de passage et de reconnaissance de la petite fille dans la société. Toutefois, elle semble essentiellement être liée au désir d’assujettir les femmes et de contrôler leur sexualité.
Depuis une vingtaine d’années, de grands efforts ont été entrepris pour lutter contre les MGF, grâce à la recherche, à la collaboration au sein des communautés et à l’introduction de changements dans les politiques publiques. En outre, en 2002, 69 Etats s’étaient engagés, au travers d’une session de l’Organisation des Nations Unies (ONU), à abandonner ces procédures barbares qui laissent des séquelles et traumatismes à vie.
Une tradition sans frontière
Dès qu’on évoque l’excision clitoridienne, d’aucuns associent cette pratique à l’Afrique. Cependant, cette mutilation est courante dans plusieurs régions du monde : en Afrique subsaharienne, dans certains pays d’Asie (Yémen, Indonésie ou encore Malaisie) et du Moyen-Orient, ainsi qu’en Amérique du Nord, en Europe et en Australie par les communautés immigrantes.
En Afrique, annuellement, ce sont près de trois millions de jeunes filles de moins de 15 ans, et occasionnellement des femmes adultes, qui sont victimes de ces exactions. Il s’agit bel et bien de « victimes » car, internationalement, les mutilations génitales féminines sont considérées comme une violation des droits des jeunes de filles. Environ 140 millions de ces filles et femmes vivent aujourd’hui avec le traumatisme qu’elles ont provoqué. Et sur le continent noir, elles sont au chiffre approximatif de 92 millions à avoir subi cette pratique, le Mali comptant le nombre le plus élevé de MGF.
Ce fléau « africain » a traversé les frontières avec l’immigration de ses victimes. Nombre de villes européennes telles que Paris, Londres, Amsterdam, Rome, Berlin, ou Stockholm sont devenues le terrain d’une excision illégale. Malheureusement, pas seulement dans la pénombre des pièces insalubres mais également sous la lumière de certains cabinets médicaux. Ces ablations se font dans l’illégalité car, sur papier, elles sont punissables par la loi. De plus, autant africaines qu’occidentales, les femmes se sont unies et se mobilisent pour qu’un jour ces mutilations ne soient plus monnaie courante. Car, si en Afrique la lutte contre l’excision ressemble à un chemin de croix, elles espèrent qu’en Europe les fillettes y échappent. Les politiques occidentales en la matière sont plutôt répressives malgré la loi du silence appliquée par les victimes et témoins de ces mutilations. Au Canada, les MGF sont inscrites dans le Code criminel alors qu’ailleurs, elles tombent sous le coup du Code pénal.
Eradiquer l’excision demeure une lutte de longue haleine. De plus en plus de traités internationaux évoquent son interdiction. L’OMS et l’UNICEF vont plus loin en faisant de la lutte contre l’excision des programmes à part entière. Par ailleurs, le 8 février a été instauré « Journée internationale pour la lutte contre les mutilations génitales féminines et l’excision ».
Bien que ces fillettes et femmes mutilées peuvent recourir, aujourd’hui, à une chirurgie réparatrice de leurs stigmates, ces pratiques restent dangereuses et irréversibles avec des conséquences sur leur santé, leurs capacités à mettre au monde et leur éducation. Des traumatismes que personne ne pourra effacer, surtout pas une autre lame, bienfaisante qu’elle soit.
Source : OMS, UNICEF