Oh sorry oh Canada! Capitulons, récapitulons!
Les irresponsables ont cru bon d’abord choisir un australien pour concevoir ces cérémonies olympiques. Sorry, mais ça leur est apparu comme la meilleure façon pour véritablement projeter le Canada au reste du monde. Pis la dualité linguistique et le multiculturalisme canadien: forget it, it was a last minute add-on at best to keep a few locals happy. We will however be poking fun at ourselves. Hang on to your hat; traduction = tenez-vous bien!
Le site web de David Atkins Entreprise (DAE), responsable pour la production des cérémonies d’ouverture et de clôture, vous démontrera sans l’ombre d’un doute toute la sensibility – or lack of, nécessaire pour la tâche : personnel, projets antérieurs, etc. Notons également la page “sustainability” où on apprend que “DAE is ready for Earth Hour 2010”! Cerise sur le gâteau : le pavillon canadien était conçu par des gens de Chicago.
Acculturation, step/étape 1 : make local people beforehand feel like they are absolutely nobody. The smaller the group is, the better. They will then more easily beg, clap, wave flags, boo partypoopers, foot the security bill, reelect their politicians and pay for it forever while asking for more.
Secondo, pensez Hollywood, juste au cas où les gens se sentiraient toujours “distincts”, si pas extincts. Nous sommes en Amérique du Nord et nos références culturelles doivent s’y valider. Alors applaudissez le Captain Kirk bedonnant à la retraite, en nostalgie profonde de McGill, “the last frontier”, se déclarer “Canadian”. Suivi de “Back to the future” et “Family ties”, le sympathique Michael J., voisin d’à côté, se déclarant maintenant Canadian, en évocation à la belle période de la Reagonomics pour les amis conservateurs. Tertio, pas loin d’Hollywood, gît Disneyland. Alors admirez les castors volants, les orignaux en gambade et les bûcherons/canoteurs portant la chemise carrée, courtoisie de la minute du Patrimoine, un bon 10 ans plus tard. Les indiens et leurs plumes, s’affichaient dans le numéro précédent, question de logistique (et de ne pas fâcher personne). Mickey Mouse n’a pas pu venir incidemment après que des souverainistes canadiens se soient objectés à l’impérialisme culturel. La gendarmerie royale y est substituée, inspiré d’un skit de Monty Python pour contenir l’influence britannique, sans l’ajout du pistolet Taser…
Acculturation, step/étape 2 : make people think that fantasyland is real by spending so much money on it. They won’t be able to differentiate anymore and will stick to what best entertains them as far as reality goes. Ils paieront pour et en redemanderont.
Pas question de ressusciter l’original “Joe Canadian” de Molson (acheté par Coors, pas un sponsor…), qui incarnait pourtant bien notre dualité linguistique, il y a cela maintenant plus de dix ans! Pas plus, cinquante ans plutôt, avec Raymonde Savoie, dite Lucille Starr, du duo “Bob&Lucille”, «The Canadian Sweethearts!» avec “Le French Song”, la première canadienne à vendre internationalement plus d’un million de copies! Personnellement, j’aurai préféré entendre durant la période olympique sur nos montagnes dérobées“Quand le Soleil dit Bonjour aux Montagnes”, grand nostalgique du Western, que je suis…
Le nouveau “Joe Canadian” nous provenait du grand Nord mais semblait tout aussi pompous WASP ou “stupid white man” que les autres en réussissant à éviter complètement la multiplicité linguistique et culturelle. Il faut rejoindre les auditeurs de la planète après tout et les embêter le moins possible. Read : les abêtir le plus possible!
Acculturation, step/étape 3 : think globally, suck globally.
Le pestacle doit aussi s’adresser à toutes les générations. Le Canada est un grand producteur de ressources premières tel le nickel. Alors allons y du groupe toxique rock/heavy metal Nickelback et de «Burn it to the ground”. C’est tellement approprié comme message au reste du monde. Les chanteuses Morissette et de Lavigne adouciront la note et évoqueront vraisemblablement les origines francophones du pays, sans toutefois aucunement l’exprimer. Notons l’absence totale de francophones hors-Québec. Deux groupes de Montréal chantaient également strictement en anglais, peu de temps après la prestation de William Shatner. Quel message cohérent devant tant d’auditeurs! Oh j’oublie Marie-Mai, question de rejoindre les jeunes teeny-boppers. Le Canada anglais lui a droit à Neil Young, Ashley MacIsaac et KD Lang. Les francos peuvent se chicaner entre eux sur le choix de Garou (était-il ivre?), le gig de la Bottine étant tellement court, qu’il passera certes inaperçu, tout comme la référence à la chasse-galerie. Aucun chanteur en provenance du Canada anglais n’est capable d’exprimer la dualité linguistique. Quel message!
Acculturation, step/étape 4 : make the case feel absolutely hopeless.
Les prestations de Furlong en français évoquaient le supplice de jadis entendre Joe Clark ou Robert Standfield s’exprimer dans la langue de Molière. Quarante ans de langues officielles ont pourtant eu cours depuis et quelques mois auparavant les autorités découvraient dans l’aéroport pourtant international un unilinguisme criant. “Poking fun at ourselves”, on nous rappelait bien durant ces cérémonies que les Canadiens disaient trop souvent “sorry” et “Hey” et ne brandissaient pas suffisamment leur drapeau.
Heille, le délire des drapeaux canadiens durant ces jeux me rappelaient étrangement celui de nos voisins Américains sous Bush ou encore celui du Québec en novembre 1976. Acculturation, step/étape 5 : wave your flag and stop questioning the order of things. Du pain et des jeux : nil novi sub sole. Brandissez le drapeau comme des moutons et laissez les autres penser pour vous… Oh sorry, oh Canada! Capitulons, récapitulons!
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Heureusement que le grand Gilles a préféré ne pas s’associer à un tel cirque. Et ditto pour Red Green, celui qui nous disait “we are all in this together” et “keep your stick on the ice”! De quoi réconcilier Vigneault durant des Olympiques d’hiver?
Par Rejean Beaulieu