Le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF) proposait récemment un changement important à sa politique d’admission pour ouvrir désormais les portes à des élèves autres que les “ayants-droit”. Le CSF serait un des derniers conseils scolaires en milieu minoritaire au Canada à ainsi officialiser une pratique confinée jusque là à des “cas exceptionnels”. Un comité provincial d’admission veillerait à ce qu’un élève “non francophone” soit admis selon des critères de compétence en français. Et qu’une période de probation d’un an s’en suivrait.
Le diffuseur public couvrait la nouvelle de la consultation lancée au sujet de cette proposition auprès des principaux partenaires du CSF, i.e. associations de parents et syndicat. Un intervenant retenu par Radio-Canada pour la nouvelle invoquait que “les pionniers de l’éducation scolaire en français en C.-B. devaient bien se revirer dans leur tombe avec une telle proposition”. La couverture semblait autrement favorable à la proposition dans les suivis d’affaires publiques. Outre quelques “déchirements de chemise”, très peu de gens se sont exprimés publiquement sur le sujet, que ce soit sur le site web de Radio-Canada ou sur les médias sociaux.
Notons que la nouvelle politique proposée par le CSF n’a pas été publiée sur le web et que les motifs derrière la proposition n’ont à peu près pas été discutés en appui à cette “consultation”. Comme si ils ne le méritaient pas. De plus, CBC n’a pas couvert une nouvelle pourtant d’intérêt public alors que la couverture du Vancouver Sun se limitait au blogue de Ms. Janet Steffenhagen qui retenait : « Most of the criticisms are from those who fear CSF schools will be flooded with anglophones who want their children to learn French, but that’s definitely not the plan, he said. To win approval from the committee, new students would need “a strong knowledge” of French, although they wouldn’t necessarily have to be fluent, he said. (Interestingly, almost half of the children in CSF schools were not proficient in French when they enrolled.) » Enfin la presse communautaire a ignoré le sujet: aucun éditorial ou courrier de lecteur après quelques semaines de la nouvelle initiale. Somme toutes, un autre épisode de “non-dits”!
Personne n’a cru bon questionner pourquoi les critères de compétence en français et la période de probation ne devraient-ils pas s’appliquer à tous? Ou encore pourquoi l’école (ou sa gouvernance communautaire) ne pouvait-elle pas prendre elle-même la décision d’admission sans une bureaucratie additionnelle?
Les motifs du CSF sont possiblement reliés au problème de la rétention au Secondaire et de la réussite scolaire. Des nombres minimaux d’effectifs sont en effet nécessaires pour offrir des programmes d’intérêt aux jeunes et maintenir cet intérêt. De plus, il est difficile de réclamer de la province des investissements en capitalisation de 300 millions de dollars pour ~5000 élèves encourant des frais juridiques considérables quand les élèves ne persistent pas suffisamment. En guise de comparaison, le district scolaire de Coquitlam revendique à peu près le même montant pour 6x plus d’élèves, réussit à garder ses élèves et élit des représentants parlementaires à Victoria. La province se dit gravement endettée et de dures décisions seront prises par le prochain gouvernement. Le nerf de la guerre est bel et bien financier et il faudrait mieux le reconnaître.
N’oublions pas l’immense popularité du programme d’immersion souvent complètement absent en régions alors que le CSF a de la difficulté à y remplir ses classes même au Primaire. Canadian Parents for French (CPF) le notait pour revendiquer un élargissement de la définition des “Ayants-Droit” devant un comité sénatorial pour que plus de jeunes aient accès à une éducation supérieure en français durant au moins les premières années.
Peut-on se demander si ratisser plus large est vraiment une solution aux problèmes de rétention du CSF quand les “ayants-droit” ne sont pas plus intéressés à prendre intérêt aux affaires publiques qui devraient pourtant les concerner. Les enfants sont après tout le miroir cruel de leurs parents et si ces derniers ne sont pas plus motivés à montrer un meilleur exemple en français, la “rétention” en souffrira au stage “ado”, particulièrement parmi les garçons.
Une belle occasion de conversation publique semble encore une fois avoir été manquée lors d’une “consultation”. Nous pourrions par exemple échanger davantage sur les obligations que ces “Ayants-Droit” devraient assumer et comment la grande majorité parmi eux en est-elle vraiment venue à agir de façon si désengagée. Peut-être y-aurait-il là une meilleure occasion de déchirer sa chemise ou d’invoquer les revirements dans les tombes de nos ainés britanno-colombiens?
#frcb #FinieLapathie?
Références web :
1) Le problème des “Ayants-Droit” (Facebook)
3) http://blogs.vancouversun.com/2013/03/01/b-c-francophone-schools-consider-wider-admission-policy/