Se pourrait-il qu’une structure de rétroaction du diffuseur public illustre de façon *magistrale* nos problèmes à nous renouveler en milieu minoritaire à l’ère des médias sociaux et s’assurer que la francophonie institutionnelle devienne pertinente alors que le franco* en situation minoritaire est de plus en plus marginalisé, acculturé et assimilé, … quoique branché. Des structures de concertation complètement archaïques tel ce panel bidon continuent à bloquer toute véritable possibilité de réformes.
Compte-tenu des “objectifs” du comité (“Favoriser le développement du reflet des régions”, “Permettre à des Canadiens vivant à l’extérieur du grand Montréal de faire connaître leur point de vue aux décideurs du réseau”) et du “mandat” (“Favoriser la communication […] les discussions et les consultations”), que ce panel n’aie absolument *aucune* présence dans les médias sociaux en 2010 constitue l’aberration la plus manifeste. Combien l’ont déjà dénoncé ou dénonceront cette année?
Que la panel des régions ne se concerne *aucunement* du côté de CBC, et qu’il n’inclue aucun francophile (anglophone) devraient aussi amener à réfléchir sur l’impasse de nos ghettos linguistiques/culturels ringards qui perpétuent l’isolement malgré les prétentions au contraire. Les aberrations constantes du traitement de la dualité linguistique par le diffuseur public demeurent à l’angle mort, ce qui devrait pourtant être une priorité pour un franco* vivant en milieu minoritaire.
Que le panel des régions rassemble sous le même toit des régions du Québec et du hors-Québec représente une autre aberration immense. La dynamique des problèmes -vs- l’environnement médiatique ambiant n’a absolument *rien à voir*. Le diffuseur public (&l’organisme de réglementation) n’a jamais véritablement reconnu que ces environnements sont fondamentalement différents. Il serait en fait beaucoup plus pertinent de rassembler *avec* le diffuseur public anglophone au Québec. Cela ne se fera toutefois pas parce que l’offre des services disponible aux anglo-québécois n’accuse pas les retards que nous connaissons. L’environnement médiatique ambiant est également beaucoup plus sain pour les anglo-québécois. Ils ne connaissent aucunement les niveaux d’apathie, d’acculturation, d’assimilation, d’aliénation et de mise en tutelle que nous connaissons.
Un examen de l’agenda du panel démontre sans l’ombre d’un doute une structure de communications obsédée par le contrôle des contenus (&des panélistes) selon un script, à l’image de nos émissions “locales”. Choamski dirait “manufacturing consent”. Non seulement les participants sont envoyés par avion toutes dépenses payées dans un pre-cooked junket (donc peu aptes à véritablement critiquer les services du diffuseur public), mais le format même de la rencontre empêche toute chance de partager des messages importants au-delà de l’enceinte de rencontre. Des groupes d’intérêt en sclérose se rencontrent donc sous opacité maximale, transparence minimale et copinage maximal, ceux qui s’accordent des prix entre eux. Aucune reddition de compte n’est donc possible.
Que nos retards *immenses* en matière de médias en milieu minoritaire ne soient pas mieux reconnus démontrent en fait que les “résultats” de ce comité à ce jour mériteraient une grosse introspection, sinon son démantèlement pur et simple pour avoir failli à la tâche. Mais qui est *vraiment* prêt à brasser la boite avant que les Cons *ou les Libs (du pareil au même) la ferment, prenant le risque de perdre leur prochain junket. Les Cons sont en fait absolument ravis du cours des choses, puisque le diffuseur public est en train de s’anéantir lui-même en devenant complètement impertinent en milieu minoritaire et en gaspillant les deniers publics, tel que démontré par ce junket.
Peut-on parler de malbouffe médiatique de la part du diffuseur public lorsqu’on nous sert continuellement des faits divers, des chroniques internationales, des chroniques de Paris, des chroniques de Montréal, des traductions des contenus de CanWest (plutôt que de la promotion des contenus issus du milieu minoritaire e.g. L’Express du Pacifique, La Source, Afro-News, Community News/Nouvelles communautaires, Francouver, la blogosphère, la twittosphère, FB, radios communautaires, etc.). Sports et météo répétés ad nauseam deviennent insupportables. Autant qu’entendre le PDG nous parler de son jogging et de son amour pour James Moore. La valeur nutritive est *nulle* et notre environnement médiatique en entier est en déclin malgré cette montée remarquable des médias sociaux, un train que nous risquons de manquer ou de dérailler. Les contenus de nature “identitaire” (e.g. médias, histoire, gouvernance, dualité linguistique, protection du français) sont continuellement évités comme la peste. Pas mieux incidemment du côté de CBC, même si le mur institutionnel entre les deux groupes est immense, aka les ghettos linguistiques/culturels ringards. Aucune compétition ou reddition de compte. The Minister does not care. L’opacité est maximale, la transparence minimale, le copinage maximum. Implacable cette machine et irréformable. Les résultats: apathie citoyenne totale dans la francité, acculturation, assimilation, cynisme et aliénation.
Une suggestion positive en terminant: pourquoi ne pas mettre complètement en ligne le travail du groupe lors de sa prochaine rencontre??? Une alternative: démanteler un tel “Opus Dei” et laisser renaître la francophonie en milieu minoritaire de ses cendres…