“Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra” Cicéron
Franchement, faut-il en rire ou en pleurer? Alors que BC Gaming coupait la semaine passée une importante source de financement pour les organismes francophones de la Colombie-Britannique (sur le point de licencier leur personnel), que Radio-Canada était incapable de nous en faire part (personnel minimum&vacances), que l’organisme dit porte-parole de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) ne faisait pas mieux, que le “Centre culturel” de Vancouver implorait ses membres d’envoyer leur courriel de protestation auprès du gouvernement provincial, la FFCB nous apprenait que le COVAN venait de signer une entente pour “la promotion du français dans les Jeux de 2010”, à la mi-août lorsque personne ne porte attention.
Non seulement le COVAN est complètement cassé en raison de pertes de revenus publicitaires *majeures* pour les JOs, non seulement le gouvernement provincial sabre présentement *à fonds* dans toutes les dépenses publiques pour combler son budget déficitaire, et non seulement devrons-nous payer les factures de ces Olympiques, mais l’entente prévoit maintenant couvrir “les jeux paraolympiques” ainsi que “l’élaboration d’un guide des bonnes pratiques linguistiques” à l’intention des prochains comités organisateurs. On y apprend par ailleurs que “la mise en œuvre de la convention sera suivie par un comité de coopération associant des représentants du corps consulaire francophone à Vancouver, l’OIF et le COVAN. La mobilisation des États et gouvernements francophones ainsi que celle du Mouvement olympique en faveur de Jeux parfaitement bilingues a été particulièrement renforcée lors des Jeux de 2008 en Chine.”
Peut-on se demander si le guide des “bonnes pratiques linguistiques” fera part au prochain comité de l’art de mépriser tout ce qui se passe véritablement en français dans la ville hôte, comment continuellement parachuter des étrangers dans la ville hôte sans qu’absolument personne ne réagisse, et comment vivre dans le délire d’une bulle artificielle sans aucun contact avec la réalité du terrain?
Notons par exemple dans le dernier magazine Code (“L’édition numérique de l’Olympiade culturelle”) publié sous le motus “Connecter. Créer. Collaborer.” l’entête: “Cette semaine, nous explorons le lien entre les Canadiens et le pays qui est notre chez-nous, avec un Défi sur les lieux d’où nous venons et un Pouls sur ceux avec qui nous les partageons.” Un “D’où venez-vous?” nous est proposé à côté du groupe acclamé “Artistic Fraud of Newfoundland” et de la question “Où en êtes-vous?”. On nous demande finalement “Lequel de nos amis de la nature préférez-vous avoir comme voisin: orignal ou castor?” Non je n’invente rien et la réalité excède la fiction la plus tordue, me laissant bouche bée mais aux barricades de ma plume citoyenne.
Peut-on se demander en terminant s’ils font par exprès dans un tel climat pour être coupés? S’ils sont sérieux au sujet de la promotion du français, s’ils veulent véritablement savoir “où nous en sommes”, et s’ils désirent vraiment “Connecter. Créer. Collaborer”, ne faudrait-il pas d’abord qu’ils sortent de leur coquille et fassent par exemple la promotion de la blogosphère franco de la Côte Ouest tel qu’elle désire s’exprimer. S’ils veulent le contrôle éditorial des contenus, peut-on se demander s’ils sont en train de creuser davantage le trou de l’impertinence? Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra…
Le Canard Olympique
“Do as I say, not as I do” Sagesse populaire