L’archaïsme a-t-il fait son temps?
Un politicien populiste se faisait élire récemment pour avoir dénoncé une situation de “Gravy Train” ayant cours dans la mairie d’une grande métropole canadienne. Pourtant la plupart des gens aspirent à embarquer sur un tel train en temps de déclin économique. Que le train tourne en rond et n’aille nulle part importent peu. Il est après tout rassurant de voir de la continuation à quelque part en ces temps incertains. Les avantages sociaux y sont prisés, la sécurité du service bien maintenue et le régime de pension pas piqué des verts, pour ceux qui peuvent y accéder…
Non, il ne s’agit toutefois pas d’un cadeau de Noël pour les garçons qui ont été sages durant l’année. Ou encore d’un ajout au jeu de vaisselle pour jeunes filles. Point sexiste, le “Gravy Train” est souvent observé dans les services publics opérant dans une situation de monopole. Hommes et femmes s’y embarquent à tous les matins pour en débarquer en fin d’après-midi et répéter la routine le lendemain. Pause en fin de semaine et les jours fériés, mais le service reprend à tous les lundis matins.
Oui, le paysage y est assez répétitif et plus qu’on essaie de le changer, plus il est répétitif. Bien sûr certains arrivent sur le “Gravy Train” pensant pouvoir altérer son cours pour aller à quelque part, par exemple. Ils réalisent toutefois rapidement que la tâche est impossible et que mieux vaut y trouver son confort et, pourquoi pas, devenir zen. Le département des “Relations Publiques” se chargera du reste. Suivez les consignes et tout ira bien!
Hélas les portions qu’on y sert ne sont plus aussi généreuses que par le passé. Quand aux choix de menus, mieux vaut se limiter aux formules bien éprouvées. Surtout ne prenez pas de risque, parce que, même si ça marche, personne ne le remarquera. La carte des vins laisse à désirer mais on dit que la première classe s’en tire fort bien, à en juger par l’embonpoint observé parmi les passagers de longue date, tous promus en première classe. Amenez votre iPOD parce que la conversation vous ennuiera à en mourir, particulièrement depuis que les hobos et autres esprits libres ont déserté le train, circa le retrait du “caboose” il y a de cela plusieurs années maintenant.
Malgré le peu de services offerts au public, arrêts ou départs, on dit que son personnel est constamment en état d’épuisement, en attente d’ou bien la pension, ou bien la permanence ou bien le prochain contrat. La permanence y est toutefois devenue à peu près impossible. Et les renouvellements de contrats de plus en plus précaires sous une gestion pesante et un climat de coupures. La Direction et le Syndicat ne semblent toutefois pas se plaindre.
La modeste proposition : pourrait-on mettre le “Gravy Train” sur une nouvelle traque, le rendre “bio” (i.e. tout le monde pédale !) et s’assurer cette fois-ci qu’il va à quelque part?