C’est sur Cambie Street, entre le centre commercial d’Oakridge et Langara College, que vous trouverez l’Alliance Française de Vancouver. Centre d’apprentissage mais aussi centre culturel, cette institution centenaire nous ouvre ses portes, visite guidée avec le directeur général Monsieur Jean-Sébastien Attié.
Quelle est la date et le contexte de création de l’AF de Vancouver ?
L’Alliance française à Vancouver est une très vieille histoire… En mai 1904 eut lieu la première réunion de l’AF, sous l’impulsion d’acteurs établis de l’éducation en français dans la ville, l’Ecole Granville. Le comité était né, et l’Alliance commençait ses activités.
L’Alliance Française de Vancouver va donc fêter l’année prochaine ses 110 ans. Comment garder une image moderne d’une institution aussi ancienne ?
En effet, 110 ans, il faut les porter haut et vaillamment.
D’abord, l’AFV bénéficie de l’image du réseau AF dans le monde, qui s’enrichit chaque année de nouveaux centres dans le monde. Déjà plus de 1000 ! Ensuite, les réseaux sociaux nous aident à mieux et plus communiquer, de même qu’il faut entretenir nos bâtiments. Nous avons entamé des rénovations importantes en 2011, 2012, pour finir à l’été 2013 avec le toit et l’allure du siège à Cambie. Nous avons équipé toutes nos salles de projecteurs interactifs, ce qui a entraîné un renouvellement de nos pratiques pédagogiques, et une plus grande modernité des outils. Nous avons également rénové notre identité visuelle en 2011 avec un site web relooké, et une nouvelle fois en 2013. Il faut sans cesse investir et nous différencier.
Quelles sont les missions, le ou les rôles de l’AFV ?
Les missions sont multiples. En tant qu’association à but non lucratif, elle est d’abord d’œuvrer pour développer l’apprentissage du français, pour tous les publics. Puis de promouvoir la culture française et francophone, via la médiathèque, les événements spécifiques, festivals, etc. Ensuite, tisser des liens entre les milieux culturels, appuyer les acteurs culturels locaux pour maximiser la présence culturelle française. Enfin, de faciliter l’expansion des certifications de langue française afin d’améliorer la norme de l’enseignement de la langue.
Où en est le français dans une région anglophone comme la Colombie-Britannique ?
Le français se porte bien et pas si bien à la fois. Il bénéficie de moyens importants dans l’apprentissage à l’école en immersion, ainsi que de son statut de langue officielle du Canada. Il est aussi largement enseigné comme langue de base dans la plupart des écoles (c’est souvent la seule autre langue que l’anglais à y être enseignée). Mais il a aussi perdu en BC son statut de langue obligatoire à partir du grade 10. Les étudiants peuvent choisir une autre langue, ce qu’ils font souvent en passant à l’espagnol ou au mandarin. Le français reste préservé aussi parce qu’il bénéficie de milliers de professeurs qualifiés, contre quelques dizaines ou centaines pour les autres langues.
Au niveau des adultes, le français est connu par un petit pourcentage d’anglophones qui en ont des souvenirs de leur scolarité. Mais on ne peut pas dire qu’ils l’utilisent beaucoup. Nous sommes là pour ça, justement, et leur apporter des possibilités de reprendre leur français ou en commencer l’étude.
A qui s’adressent les cours que vous dispensez ?
Un peu comme Tintin : à tous, de 5 ans à 77 ans (et +) !
Tout public peut trouver une offre à l’AF. Les enfants en tout début de scolarité, les enfants en immersion ou en français de base, les enfants en enseignement francophone qui auraient besoin de soutien et de consolidation, les adolescents (très nombreux chez nous), les adultes pour un français généraliste, les professionnels, les fonctionnaires fédéraux, les enseignants en perfectionnement.
Quels sont les avantages de l’AFV pour notre région ?
Je crois que l’AF, du haut de ses presque 110 ans, démontre tous les jours les avantages qu’elle offre aux habitants de la région : d’une part la médiathèque pour tous publics et qui est la plus vaste de CB, avec ses films sous-titrés, ses ressources pédagogiques. Elle s’adapte à l’air du temps avec un équipement numérique en cours. Ensuite, les activités culturelles : plus de 60 activités / rencontres, débats, ciné-dîners, etc. par an, qui ont attiré en 2012 plus de 40,000 personnes, en incluant Make Music Vancouver. Enfin, les cours et les certifications. Nous dispensons des cours à des milliers d’inscrits chaque année, et nos examens, le DELF et le TEF en particulier, sont très reconnus au Canada, soit pour l’immigration, soit comme certifications donnant droit à des crédits externes en High School.
De quelles façons sont choisis et organisés vos événements culturels ?
Nous tâchons de panacher au maximum nos événements, de proposer des choses originales et de qualité, et qui mènent à un débat d’idées.
Nous avons par exemple lancé des cycles de conférences historiques, de conférences sur la philosophie et la littérature (au travers des commémorations internationales, par exemple 2013, année Camus, Cocteau), toujours en deux sessions, une en français l’autre en anglais. Nous avons aussi nos rendez-vous plus familiaux autour de ciné-dîners à thème. Et enfin les grands événements extérieurs, que nous co-organisons ou pour lesquels nous sommes des partenaires importants : Make Music Vancouver, Dîner en blanc, Beaujolais Nouveau. L’idée est de s’appuyer sur l’image très positive de la culture française et de proposer des choses autour du bon goût et du glamour. De même, nous produisons chaque année quelques spectacles et organisons de nombreuses expositions.
Propos recueillis par LNC