L’après-élection : à quoi le milieu minoritaire franco peut-il s’attendre?
Pour plusieurs, le pire scénario s’est matérialisé. Un gouvernement conservateur majoritaire a bel et bien été élu lors des dernières élections fédérales. Cela après que le parlement ait été dissous en raison de conduite inacceptable et répétée dans la chambre des communes.
Ce gouvernement qui n’avait cru bon répondre au questionnaire du principal groupe parole avant l’élection. Celui qui avait coupé le programme de contestation judiciaire. Celui qui a délayé interminablement le financement d’organismes devenus moribonds à remplir des formulaires dans lesquels personne ne croit plus, pour des besoins qui ne rejoignent plus de base, plutôt que d’y faire le ménage. Celui qui a aboli le recensement obligatoire, plutôt que de le rendre plus pertinent. Celui qui s’est assuré que le Sénat ne ratifierait pas le projet de loi exigeant le bilinguisme des juges à la Cour Suprême, plutôt que de se débarrasser d’un archaïsme de retour d’ascenseurs. Celui qui évite les rapports du commissaire aux langues officielles, plutôt que de moderniser la loi ainsi que le commissariat. Celui qui menace le diffuseur public de disparition et tout organisme relié aux arts et à la culture, plus tôt que … de les mettre à jour! Celui qui, somme toutes, préside à la mort lente d’une minorité à terre.
Celui aussi qui se gargarisait jadis de transparence et de reddition des comptes, mais qui n’a cru bon rendre public le rapport de la vérificatrice générale sur les dépenses du sommet du G8/G20. Ou encore celles d’avions militaires et de construction de prisons. Ce même gouvernement nous dit que l’État nous coûte trop cher, qu’il n’augmentera pas les taxes (lire celles des corporations déjà beaucoup plus basses que chez nos voisins du sud) et devra sabrer dans les dépenses sinon accélérer leur dévolution vers les provinces, le citoyen n’étant plus capable de porter le fardeau.
Notons que le recul du français au Canada n’a suscité absolument aucun intérêt durant cette campagne, pas même au Québec ou durant le débat pan-canadien tenu en français. Rappelons aussi que la deuxième langue la plus parlée au Canada est maintenant le chinois et que le conservateur Jason Kenney se réjouissait des gains électoraux au soir des élections. Que ce qui est dévolu au provincial ne s’accompagne nécessairement pas de volonté politique pour venir en aide à la minorité à terre, la volonté des payeurs de taxe n’y étant pas plus, particulièrement lorsque le provincial coupe. Alors le financement de l’enseignement du français se fait de plus en plus frileux, au profit des démographies montantes et le vote qui s’en suit. Ne pourrait-on alors pas dans les circonstances cesser de parler de “dualité linguistique” mais bien de “réalité linguistique”?
Oui certains se réjouiront que l’organisme dit porte-parole n’ait pris position pour un vote dit stratégique, compte-tenu des résultats électoraux. Qu’un franco-albertain soit apparu dans les rangs du PCC. Que le Ministre du Patrimoine dit francophile ne soit pas aussi “red neck” que d’autres. Que “l’immersion” demeure populaire malgré tout. Blablabla.
Reste que, selon la tendance actuelle, l’hostilité du gouvernement conservateur à l’égard du milieu minoritaire (parmi autres groupes moins fortunés électoralement) ne risque pas de diminuer durant le prochain parlement. La minorité demeure à terre, incapable de se mobiliser, les médias n’aidant à peu près pas, ayant en fait contribué au décrochage. Le réseau associatif, le diffuseur public et les autres médias communautaires sauront-ils dans les circonstances devenir plus pertinents? Espérons maintenant que l’élection d’un gouvernement majoritaire conservateur carrément hostile leur servira de réveil! Qu’il fait bon rêver entk.