Sauf que…
Soljenitsyne écrivait “un peuple qui oublie son passé est comme quelqu’un qui se crève les yeux”. Que penser alors du traitement accordé à l’histoire francophone/métis du Nord-Ouest dans l’édifice des kiosques de la Place de la Francophonie sur l’île Granville? Que penser également du traitement accordé au présent et à l’avenir des “communautés” francophones de la Colombie-Britannique dans la Place de la Francophonie?
Pour les visiteurs qui ne l’ont pas remarqué, sachez que l’exhibit historique franco-colombien est tellement bien caché dans un coin d’édifice que les occupants des kiosques ne l’avaient pas même remarqué lors de ma récente visite. Notons aussi qu’un “Salon des Communautés” devait se tenir pour apparemment “faire place aux communautés francophones de la Colombie-Britannique”. Ce que vous verrez à la place est un kiosque du Commissariat aux langues officielles en provenance d’Ottawa, un kiosque du Centre de la Francophonie provenant de Québec, et un kiosque de BC Tourism (HelloBC) de Victoria tenu en collaboration avec la Société de Développement Économique, tous de la sphère institutionnelle. Vous ne trouverez pas même une carte d’emplacement des lieux en brochure ou sur le web pour mieux évaluer l’empreinte de participation. Oui quelques artistes ont été invités pour placer leurs oeuvres temporairement et apaiser la gronde. Mais aucune association ou médias communautaires ou encore citoyens. Deux jeunes ados représentaient la FFCB au côté de l’artiste sculpteur/soudeur invité pour accueillir lors de la journée de “La francophonie canadienne aux jeux”. James Moore du patrimoine canadien, Naomi Yamamoto des affaires intergouvernementales et Graham Fraser aux langues officielles y participaient. Les immenses flaques d’eau devant la scène d’Air Canada n’avaient pas même été drainées…
Qu’est-il donc arrivé et pourquoi nos médias sont-ils incapables de nous informer? En dépit du copinage malsain ayant cours, qui aura le courage de dénoncer sur la place publique ceux qui ont pris encore une fois les décisions décimant nos communautés et leur remarquable Histoire? Certes de quoi se demander pourquoi tant alimenter le délire collectif plutôt que de sainement le remettre en question.
En bout de ligne, n’y a-t’il pas de l’hypocrisie parmi ceux qui déchirent leur chemise en raison du peu de place accordé au français lors des cérémonie d’ouverture, lorsque dès qu’ils en ont eux même la chance, ils en profitent pour opprimer les plus petits que soi, telle une meute affamée incapable de mieux survivre. Et on se demande collectivement “Où est-ce qu’on parle francais?” et ne trouve que comme réponse le non-dit du “Sauf que”…
Rejean Beaulieu