“Un peu plus haut, un peu plus loin … et une bonne secousse séismique?”
Une année vient de se terminer, une nouvelle commence. La francophonie canadienne aura vécu sa part de moments d’affaires publiques en 2012. Sommets, consultations, audiences publiques, conférences, colloques, études, sondages, résultats de recensement et brassages médiatiques se sont succédés. Au point que certains observateurs aient moins ressenti cette impression de regarder la peinture sécher sur les murs et prendre intérêt à participer ou commenter. “Hauts” moments remplis de promesse laissant toutefois souvent sur la faim de ce qui peut bien s’en suivre. “Loin” moments aussi quand ces francos sont si dispersés, si difficiles à rejoindre et à intéresser à nos affaires publiques. À moins d’une bonne secousse séismique secouant les lieux…
Quand on pense à “secousse séismique” ou à “haut et loin” en matière de francophonie canadienne, la Colombie dite britannique répond à l’appel. Le “big one” qu’on l’appelle par ici. Même si la province la plus à l’ouest demeure traitée comme une colonie de lépreux perdue parmi les nouvelles démographies montantes. Même si les mannes gouvernementales sont en retrait, les essoufflements sont notables et que la reddition des comptes tarde après tant d’investissements. Reste qu’une immigration massive de jeunes Français quittant la zone euro en déprime amène de nouveaux espoirs par ici. Qu’un nouveau gouvernement provincial se pointe à l’horizon et que son dirigeant notablement bilingue ait cheminé comme directeur de “Canadian Parents for French. Que des espaces francos durables semblent émerger sur les médias sociaux après tout le temps. Et que Radio-Canada Montréal semble finalement mieux motivé à couvrir ce qui se passe ailleurs…
Hmm, rester sur la faim de ce qui peut bien s’en suivre. Regarder la peinture sécher juste au cas où quelqu’un dirait finalement de quoi (avant que l’attention se porte ailleurs). Et qu’un média soit prêt à porter attention … en 2013, secousse séismique ou pas.
Un moment particulier de 2012 vient en tête. Il s’agissait d’un de ces colloques francos où un/e illustre membre de l’académie du « central Canada » de passage à Vancouver cet automne tenait les propos de clôture d’une rencontre bien sympathique ayant réuni d’excellents conférenciers et des participants tout aussi intéressants. Les perspectives de la francophonie canadienne nous étaient présentées selon les termes de l’école de Québec, de l’école de Montréal, de l’école de Toronto et bien sûr de l’école d’Ottawa. Ou bien elle était trop tournée vers soi –vs- trop mondialisée, trop bilingue –vs- unilingue, trop fédéraliste –vs- trop provinciale (ou souverainiste) ou même continentale! Que ces différentes perspectives luttaient pour des ressources limitées et généraient vraisemblablement des réactions de la société civile ou de ce qui en reste. L’illustre membre de l’académie disait s’y intéresser. Compte-tenu de propos de clôture de rencontre, la réaction de l’auditoire en fut une généralement bouche bée. Un/e agent/e local de l’intelligentsia reconnaissait que la position de “l’école de Vancouver” restait à définir en commentaire de modération à la seule question posée : “A quelle sorte de réaction de la société civile vous attendez-vous vraiment dans les circonstances?”
La suggestion “d’une école du Pacifique” mettant au défi la francophonie canadienne définie par l’académie centrale s’en est suivie lors d’un échange de coulisse, l’air frais du Pacifique finalement venu à la rescousse. Hmm, rester sur la faim de ce qui peut bien s’en suivre…
Souhaitons en 2013 que le besoin d’air frais en provenance du Pacifique soit véritablement reconnu par la francophonie canadienne. Que ce qui reste de la société civile franco assiste au rendez-vous “un peu plus haut et un peu plus loin”. Pis qu’un média soit prêt à finalement porter attention en attendant “the big one”!