Le concours de beauté Miss qui se déroule chaque année au Togo et est devenu un événement culturel important de ce pays. Quelles en sont les raisons et les perspectives d’un tel concours aujourdui? Le président du Comité Miss Togo M.BAKA répond
TAN : l’élection Miss Togo a fait du chemin. Qu’est ce qui fait aujourd’hui votre fierté en vous replaçant dans le contexte de départ qui vous a permis après de pérenniser ce concours ?
M. BAKA : Je crois que la plus grande fierté est l’acceptation du projet en fin de compte par la population togolaise, puisque c’était à elle que le projet était destiné car c’était cette idée qui nous était venue à l’esprit en 1994 pour la promotion du patrimoine culturelle du Togo. Ce n’était pas très évident, vous en conviendrai avec moi que les premières éditions n’ont pas été toute de suite acceptées. Ce qui est normal puisque c’était une première idée, il faudrait bien que les gens sachent de quoi il s’agit avant, éventuellement, de s’inscrire dans la logique, mais pour répondre plus précisément, la fierté vient du fait que c’est aujourd’hui accepté. C’est un rendez vous annuel, une messe que les gens attendent au mois d’août chaque année.
TAN : vous avez une grande expertise dans l’organisation du concours Miss. Aujourd’hui, y -a –il un pays dont vous rêver emboité le pas en termes de différence positive ? Si oui, lequel et pourquoi ?
M. BAKA : c’est sûr qu’il y a des pays qui organisent avec beaucoup plus de moyens que nous le concours de Miss. Mais nous ne les envions pas forcément, c’est-à-dire que nous souhaiterions avoir un peu plus de moyens pour être un peu plus à l’aise avec nos filles, mais nous sommes plutôt satisfaits de ce que nous avons par rapport à la situation socio politique de notre pays. Je crois que nous sommes plutôt un des meilleurs pays où les gens ont le plus compris l’esprit de ce projet qui est un vecteur de communication. Nos entreprises commerciales l’ont très bien compris et accepté. Je puis vous dire que le Togo malgré sa situation, nous avons un budget qui dépasse celui de plusieurs pays dont l’économie tourne mieux que le notre. Donc dans l’ensemble, du de côté l’organisation, je crois que nous avons la main. Maintenant pour l’organisation, c’est sûr que 19 ans c’est beaucoup et peu. On peut parfaire les contours de la chose, mais le côté classique par rapport au critère d’organisation, nous les avons. Je ne peux donc pas dire que nous ne voulons pas nous améliorer, c’est sûr. Mais je crois quand même que nous sommes à un niveau d’une bonne d’organisation.
TAN : Parlant du côté classique, pouvez vous nous expliquer davantage l’organisation ?
M. BAKA : quand je parle de classique, je voudrais parler de ce que nous avons fait faire depuis 19 ans, à savoir les critères prédéfinis par les comités mondiaux dont nous sommes partenaires et à savoir les classiques : une élection se base par exemple sur les critères prédéfinis, par rapport aux conditions de leur inscription, nationalité togolaise, taille, âge etc. Les trois sorties recommandées par l’international à savoir : l’interview, maillot de bain et sortie traditionnelle. Ce sont ces éléments qui font partie de l’organisation classique. Maintenant, est- ce qu’il faudrait les parfaire ? Est- ce qu’il faudrait les mettre dans les réalités de nos pays pour avoir une innovation par rapport à chaque année ? Nous y pensons, nous y réfléchissons, certainement que je ne vous le diriez pas aujourd’hui, mais ce sera peut être la surprise des 20 ans. Donc rendez – vous l’année prochaine alors.
TAN : Le concours Miss Togo revêt aujourd’hui un caractère qui va au-delà d’un simple concours de beauté. Pourquoi une telle option et quelle sera la coloration que prendra l’édition cette année ?
M. BAKA : non, est ce que c’est une option? Je ne crois pas que ce soit une option. C’est l’acceptation qu’a faite la population togolaise. Je venais de le dire tantôt, c’est-à-dire que pour nous au départ, c’était une idée révolutionnaire par rapport à la promotion du patrimoine. Nous sommes simplement venus avec cette idée. C’est l’accueil qui nous a été réservé qui fait que nous allons de pas à pas vers une destination non prévisibles au départ, C’est-à-dire que nous voudrions faire le patrimoine mais les entreprises se sont inscrits dans la logique. Nous n’avons jamais su que toute la population togolaise s’inscrirait dans cette logique. C’est le cas aujourd’hui, ça rentre pratiquement dans nos us et coutumes, ça rentre dans nos mœurs, que ça soit moi ou quelqu’un d’autre ça va être très difficile de ne plus faire ce concours. C’est un peu ça. C’est clair que le concours s’est inscrit dans la vie culturelle du Togo avec ou sans nous.
TAN : Aujourd’hui, si on vous demande de parler du concours Miss Togo en terme d’impact sur le plan économique et social, que diriez vous ?
M. BAKA : non, sur le plan social, c’est-à-dire qu’il faudrait considérer ça comme c’est un tremplin pour les jeunes filles. C’est un peu comme le football pour les jeunes garçons, ou autre chose la danse, la musique comme vous pouvez trouver les jeunes qui s’extasient avec la musique. Sur le plan social, On peut aller dans un autre sens parce qu’une fois la fille élue, elle a un projet social. Les sociétés nous mettent beaucoup d’argent comme MOOV l’avait fait l’année dernière avec plus de 150 millions de francs que nous distribuons par rapport à cette thématique des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) avec ces déclinaisons et si c’est de l’eau potable ou si ce sont les jeunes filles déshéritées etc. . On peut placer ça dans un contexte social aussi. Maintenant, dans le contexte économique nous pouvons aller vers ces personnes qui en bénéficient de Dapaong à Lomé que ce soit les hôtels, les couturiers, les coiffeuses, les personnes, ces intervenants qui rentrent dans l’organisation de ces régionales. Je ne crois pas que ces sociétés sortiront leur fond pour aller distribuer à ces personnes s’il n’y avait pas ce vecteur là. On est d’accord parce que c’est un budget de presque 300 millions et plus, si on doit ajouter ce que MOOV donne et les autres sociétés donnent pour le projet social. Croyez vous que s’il n’y avait pas l’idée, ces entreprises sortiraient cet argent pour aller donner à ces personnes là à Dapaong, à ces coiffeuses là ? Je ne crois pas. Je crois que l’impact économique peut être vue dans ce sens, mais je ne crois pas que ce soit la chose que nous regardons le plus .C’est comme je vous le dit qu’est – ce que le football apporte économiquement a un pays ? Qu’est ce que la musique ? Qu’est ce qu’un groupe folklorique apporte ? C’est un peu dans le même sens, c’est la culture, c’est-à-dire qu’il faut aller le lire dans cet impact culturel. La culture est la base, le soubassement du développement de tout pays. C’est donc dans ce sens que nous l’inscrivons. Maintenant s’il ya débordements, il y a des impacts socio, des impacts économiques appréciables, ça va toujours dans un sens positif pour nous mais l’objectif premier n’était pas ça.
TAN : Vu tout ceci en termes de bilan, est- ce que vous pouvez nous dire quelque chose concrètement par rapport aux actions de la Miss au cours de cette année ?
M. BAKA : c’est vrai que le projet était très lourd. C’est un projet qui va se faire sur cinq ans comme on l’avait dit avec plusieurs déclinaisons. Cette année, c’était les TIC au service de l’éducation en milieu rural, mais les TIC ont beaucoup de facettes. C’est parc e que nous l ‘avons doigté surtout parce que nous avons constaté qu’au 21è siècle, que le Togo n’a que 5,5% de pénétration. Aujourd’hui, très bientôt d’ailleurs, celui qui ne saura pas manipuler l’ordinateur sera l’analphabète de demain. C’est pour ça que nous avons mis l’accent sur les zones les plus reculées. Vous devez voir que les 300 ordinateurs sont des ordinateurs munis d’énergie solaire pour que les gens au fin fonds du pays, les gens qui n’ont même pas d’électricité puisse les utiliser. Vous verrez que les 300 ordinateurs ne seront pas distribués dans les agglomérations. Nous voulons essayer un tant soit peu, 300 c’est peu et beaucoup à la fois vous me le direz. Mais c’est peu. En fait le projet social de la fille, c’est de doigter les insuffisances socio politiques comme vous voulez le définir, sur lesquels nous voulons attirer l’attention des gouvernants. Nous ne voulons pas prendre leur place mais nous voulons les attirer vers là pour dire attention, il ya ce problème là, il ya ce fléau là, essayez d’être regardant de ce côté là. En une année, la Miss ne pourra jamais le faire. C’est juste un moyen pour nous de les attirer vers là puisque c’est une fille qui a de l’audience, quand elle en parle certainement que ça va les réveiller.
TAN : les concours de Miss Togo se suivent chaque année avec leur particularité. Y a-t-il des moments où il vous arrive de nourrir des regrets par rapport à l’organisation?
M. BAKA : bien sûr, c’est-à-dire que nous sommes en train de réfléchir sur quelque chose, nous ne sommes pas encore arrivés. Je sais que ça ne va pas être évident. C’est le choc que reçoit les filles malgré les psychologues ou les gens que nous essayons de leur mettre à côté pour les apaiser avant le concours en amont comme en aval pour essayer de leur expliquer comme dans n’importe quelle sorte de concours que c’est un jeu, il n’ya qu’une seule place même si on parle de dauphine , elles toutes voudraient être la Miss bien entendu couronne sur la tête, voiture tout ce que vous pouvez imaginer, mais je peux vous assurer que c’est pas évident et ça reste un gros pincement de cœur. Allez y l’appeler comme vous voulez mais, ça reste un pincement de cœur de les voir souffrir autant parce qu’elles ont raté la couronne. J’aimerais trouver la formule magique pour essayer de leur faire inculquer que c’est sûr que si vous êtes 20, s’il ya une place, certainement qu’il ya aura 19 qui vont en partir. C’est clair, mais c’est vrai que ça donne une souffrance pour nous les organisateurs.
TAN : Souhaiteriez- vous avoir des accompagnements au-delà de ce que vous dites parlant de psychologue ?
M. BAKA: si c’est vrai que si ça reste un regret, si quelqu’un peut nous apporter une idée novatrice qui puisse régler nos problèmes, nous la prendrons avec plaisir.
TAN : Le concours de Miss se déroule pratiquement dans les pays africains chaque année et mobilise souvent les autorités de ces pays. Serait – il possible aujourd’hui à travers l’organisation des concours Miss Afrique ou Miss CEDEAO par exemple d’envisager davantage une vision panafricaine de ces initiatives qui seront essentiellement et visiblement en corrélation avec le développement ?
M. BAKA : C’est un peu comme quand on dit la CAN « Coupe d’Afrique des Nations » ou ce qui s’est déroulé la dernière fois à Miss CEDEAO à Abidjan et il y avait eu presque tous les ministres parce que ça coïncidait avec la réunion du Comité Exécutif de la CEDEAO. Tous les ministres étaient là, tout le monde était là. Je crois donc qu’il y aura bientôt Miss Afrique qui se fera. L’idée est en train de faire son chemin. Oui, c’est sûr que là où il y a argent ou femme, ça peut être toujours autorité aller l’appeler comme vous voulez mais bon, ils se glissent dans leur petite chemise pour ne pas trop se faire voir (rire…) ou à la télé ou ailleurs, vous êtes hommes vous êtes d’accord. Là ou il ya argent et femme Il s’appelle le jour autorité mais la nuit regardeur de télé. Bon, ça on ne va pas trop leur forcer la main.
TAN : Avez-vous un mot de fin ?
M. BAKA : Je vais remercier la population togolaise, les autorités qui ne ménagent aucun effort pour nous soutenir. La population pour nous est très importante, .c’est le jury même de la soirée. Nous leur demandons de venir vers nous, de nous regarder, de nous critiquer sainement, de manière constructive pour que nous puissions avancer. Nous n’avons pas le monopole du savoir. Cette organisation n’est pas l’apanage du comité. Nous avons emmené l’idée mais nous allons la faire grandir ensemble. Donc, que les gens sachent que nos portes sont grandement ouvertes pour apporter leur contribution comme ce que je venais d’avancer par rapport à comment apaiser la tension, le moral, comment calmer l’esprit des filles. Evoluons ensemble.