Lors du Café de l’Intégration du vendredi 03 décembre 2010, les membres et les sympathisants de l’association Le Repère Francophone ont suivi avec beaucoup d’intérêt un exposé dont le thème s’intitulait : Éducation et diversité culturelle. Celui-ci a été présenté, à tour de rôle, par sept étudiants de SFU, inscrits au Programme de Qualification Professionnelle (PQP) de la Faculté d’Éducation. Les invités du jour ont fait part de leurs diverses expériences et découvertes qu’ils avaient faites au Mali au cours de leur stage pédagogique de cinq semaines. A l’aide des vidéos et des souvenirs-photos, ils ont effectivement réussi à captiver l’attention du public du début à la fin.
A travers les différents témoignages combien riches et émouvants de ces jeunes étudiants-maîtres, j’ai pu retenir quelques valeurs positives indispensables, me semble-t-il, pour les futurs enseignants des écoles élémentaires et secondaires du Canada. Il s’agit, entre autres, de l’ouverture à l’autre, de l’acceptation de la diversité culturelle et linguistique ainsi que de l’esprit de tolérance. Pourquoi ces trois valeurs positives seraient-elles indispensables spécialement pour les futurs enseignants du Canada, me demandera-t-on? Dans les lignes qui suivent, nous tenterons de répondre à cette question et, en même temps, nous partagerons avec les lectrices et les lecteurs notre opinion au sujet de ces trois valeurs positives.
Il est évident que les institutions chargées de la formation des enseignants – destinés aussi bien aux écoles élémentaires qu’à celles du secondaire – prévoient dans leurs curricula deux aspects importants et complémentaires, à savoir: les enseignements théoriques (notamment les sciences de l’éducation) et la pratique enseignante (ou stage pratique). L’un et l’autre sont indispensables pour faire acquérir aux « enseignants-postulants » des compétences requises pour qu’ils soient à la hauteur de leurs futures responsabilités.
S’agissant de la pratique enseignante, les enseignants-chercheurs de SFU ont décidé d’envoyer leurs étudiants-maîtres à Bamako, capitale du Mali, pour y effectuer leur stage pratique. On pourrait s’interroger, et à juste titre, sur le choix d’un pays étranger – et africain de surcroît! – alors qu’il y avait moyen d’organiser des stages pratiques dans les établissements scolaires du Canada. A cet égard, la réponse nous paraît claire : le Canada est une nation plurilingue et multiculturelle qui accueille chaque année des milliers d’immigrants originaires des quatre coins du monde. D’où leurs enfants sont tenus de fréquenter les mêmes écoles canadiennes et sont enseignés par des professeurs canadiens. En d’autres termes, ces derniers sont supposés être en mesure de « gérer » quotidiennement des classes plurilingues et multiculturelles. C’est pourquoi il est tout à fait normal d’organiser pour les étudiants-maîtres un stage pratique à l’extérieur du pays.
Pendant cinq semaines de stage pratique au Mali, les sept étudiants-maîtres ont pu « expérimenter » les trois valeurs positives dont ils auront grandement besoin au cours de leur carrière enseignante : l’ouverture à l’autre, l’acceptation de l’autre dans sa diversité et l’esprit de tolérance :
1) L’ouverture à l’autre : les intéressés ont décidé de quitter leur pays pour aller à « la rencontre » d’un autre pays tout à fait différent du Canada. Il est vrai que la plupart de ces étudiants-stagiaires ont découvert pour la première un pays africain avec ses caractéristiques spécifiques : la culture malienne, les langues parlées par les Maliens, le climat géographique différent, l’accueil chaleureux des Maliens, les défis quotidiens auxquels font face les élèves et les enseignants maliens, etc. En allant vers l’autre, les étudiants-stagiaires ont donc fait une démarche qui consiste à s’ouvrir à l’autre.
2) L’acceptation de l’autre dans sa diversité : en découvrant un autre pays et une autre culture, les étudiants-maîtres ont appris à « accepter l’autre » dans sa diversité culturelle et linguistique. Cela permet donc de briser les « barrières culturelles et linguistiques » qui empêchent souvent la cohabitation pacifique des gens de cultures et de races différentes.
3) L’esprit de tolérance : les stagiaires canadiens ont passé cinq semaines au Mali en contact permanent avec des maîtres et des élèves maliens. Ils ont échangé avec eux sur plusieurs sujets et ils ont pu découvrir, par conséquent, des aspects positifs et négatifs de la culture malienne. Cela leur a permis aussi de faire tomber des tas de préjugés en reconnaissant qu’il y a des valeurs positives à garder et des valeurs négatives à rejeter comme c’est le cas dans toutes les cultures du monde entier.
En conclusion, le séjour de cinq semaines au Mali aura permis, faut-il le souligner, aux jeunes étudiants canadiens d’expérimenter les trois valeurs positives qui favorisent le « vivre ensemble » dans la diversité. Pour ce faire, il n’y a pas de doute que, dans leur future carrière enseignante, ils seront plus attentifs à tout ce qui peut rassembler ou favoriser la cohésion de leurs élèves en dépit de leurs différences culturelles et linguistiques.
A propos de l’auteur : Dr. Juvénal Barankenguje est chercheur à la Faculté d’Éducation de l’Université Simon Fraser. Il est également enseignant de français langue seconde depuis plusieurs années. De plus, il a toujours été à la fois actif et bénévole dans des organisations civiques et communautaires. Notamment Le Repère Francophone dont il est le Vice-président et Co-fondateur. Il peut-être joint au bajuvenal@lerepere.ca ou www.lerepere.ca