Le nouvel arrivant Français qui se diffuse sous le pseudonyme de “Eddy de Doque” est un artiste incompris. Il proclame “avoir créé une œuvre d’art incomprise”. Rêveur atterré, écologiste exalté, recycleur excessif, jardinier spontané, et cuisinier anglicisé au New Age, le mélange des genres lui convient. De Doque s’inspire du skieur/sauteur olympique britannique Eddy The Eagle (Calgary 1988). Sans aucun talent mais avec toute la détermination du monde pour gagner, de Doque aspire lui aussi à inspirer le public blasé des Olympiques.
Après avoir reconnu “avoir carrément ressenti la trouille” au sommet du tremplin lors de sa visite récente au site de saut olympique dans la vallée de la Callaghan près de Whistler, Eddy prévoit se consacrer dorénavant aux olympiades culturelles et ainsi essayer de raviver le public également blasé de culture. Eddy a appris que peu de participants avaient soumis de photos pour le concours Franc Coup d’œil 2010 et croit avoir de bonnes chances de gagner dans un concours qui semble incompris s’il réussit à expliquer son œuvre adéquatement. L’œuvre dite “partielle” selon de Doque s’intitule: “Premier Prix: Composition French compote compost”.
De Doque se plait à décrire toutes les complexités des pelures du compost tel une œuvre de Robert Lepage. Tant sa contagion est féroce, il en imagine constamment de nouvelles à ajouter, tel les logos des bailleurs de fonds, ou encore les prix que son travail se méritera. Paranoïde par occasion, il craint que le compost va lui “tomber sur la tête” s’il ne s’y enfouit pas d’abord à imaginer le traquenard “Délivrez la marchandise” inscrit à même la texture du compost. Un peu délusionnal sinon bipolaire et narcissique, de Doque est convaincu qu’il se méritera le Premier Prix du concours. Il perçoit dans son œuvre parfois une lentille de caméra souillée, une bouche qui lui parle, des yeux qui l’observent, un nez qui le sent, des excès d’une diète au tofu, si ce n’est qu’un simple ensemble de fichiers JPEG pour égayer un blogue apparemment étrange et laissé pour compte. Pourtant bien conscient que la folie frise le génie, de Doque ne sait pas nécessairement toujours quand s’arrêter.
“Le moins que mon œuvre sera compris dans l’immédiat, le mieux que ça sera” déclarait-il. “Un athlète de haute gamme doit savoir se dominer avant d’éclore en temps et lieux” ajoute-t’il. Dans un dernier emportement, le grand reclus qui se cache sous toutes ces couches indique vouloir “devenir Un avec son œuvre quitte à faire la Une”!