Par Juvénal BARANKENGUJE, PhD, The Afro News Vancouver
Un certain nombre de parents se font des soucis – et à juste titre – lorsque leurs enfants sont confrontés au problème de la lecture malgré les efforts fournis par les enseignants. Que faudrait-il faire concrètement ? Quelle méthode efficace de lecture faudrait-il adopter afin d’aider les jeunes enfants à surmonter cette difficulté ? Ce sont ces questions très pertinentes qui nous ont amené justement à nous pencher sur cette problématique de la lecture. Nous voudrions ainsi partager cette réflexion avec nos lectrices et lecteurs.
D’emblée, l’on est en droit de se demander ce que signifie réellement la lecture. Celle-ci est l’activité de compréhension d’une information écrite. Cette information est, en général, une représentation du langage sous forme de symboles identifiables par la vue, ou par le toucher (braille). D’autres types de lecture ne s’appuient pas sur le langage, notamment celle de partitions de musique ou de pictogrammes (représentation graphique schématique).
Il est connu de tous que partout dans le monde la lecture est l’un des apprentissages essentiels à l’école primaire sans oublier, bien entendu, l’écriture et les mathématiques. L’enjeu étant de taille, les tenants des diverses méthodes s’affrontent. Pour cela, il serait intéressant, dans un premier temps, de passer en revue les différentes méthodes de lecture proposées par les spécialistes, en l’occurrence les pédagogues et les psychologues scolaires. Puis, nous proposerons une méthode qui nous paraît la plus efficace.
Jusqu’à présent, on distingue trois méthodes de lecture : méthode syllabique, méthode globale et méthode mixte. La méthode syllabique est la plus ancienne de toutes les méthodes. Elle fonctionne par association de lettres pour former des syllabes, puis par association de syllabes pour former des mots. On l’appelle aussi la méthode B et A, BA. La méthode globale, par contre, est la plus récente de toutes les méthodes. Elle propose, en effet, au jeune enfant de “photographier” des mots entiers, d’en reconnaître le dessin complet et, seulement ensuite, de repérer d’un mot à l’autre des syllabes communes à utiliser dans de nouvelles combinaisons.
La méthode mixte, quant à elle, est un mélange des deux dernières méthodes, que Célestin Freinet(1) appelait déjà la méthode « naturelle ». Celle-ci consiste à utiliser la motivation de l’enfant et ce qu’il connaît ou reconnaît déjà, qu’il s’agisse de lettres ou de mots entiers, souvent les deux. Pour cela, il faut des images qui le captivent, une histoire qui l’attire, une progression graduée qui ne le mette jamais en échec mais encourage sa confiance. Le principe est simple : en s’appuyant toujours sur les acquis précédents, on amène l’enfant à observer, à chercher des ressemblances, des différences, à mémoriser un bagage de mots, de lettres et de syllabes toujours plus grand, mais aussi à comprendre le principe de la combinatoire, pour pouvoir déchiffrer des mots nouveaux et aussi en écrire.
Actuellement, plusieurs pédagogues et la plupart des enseignants privilégient la méthode mixte afin de faire face aux difficultés que rencontrent les jeunes apprenants lors de l’apprentissage de la lecture. Selon eux, il est avant tout indispensable d’entretenir la confiance de l’enfant et son plaisir de découvrir la lecture. Et pour y parvenir, Françoise Demars et Catherine Nouvelle(2) proposent les activités ci-après :
« • Partir d’histoires qui captivent l’enfant, de modes d’emploi de jeux, de recettes de cuisine à faire ensemble, pour souligner l’utilité de savoir lire. Ecrire les récits ou les phrases amusantes que dit l’enfant et les lire pour lui montrer que l’écriture et la lecture sont là pour conserver les paroles.
• Utiliser ensuite ces histoires comme supports d’exercices en faisant reconnaître des lettres, des syllabes, des sons. Montrer les premiers et laisser l’enfant en chercher d’autres.
• Lorsque l’enfant arrive à lire des phrases entières, commencer à souligner le rythme et la ponctuation pour pouvoir mettre le ton en lisant. Montrer d’abord les signes de ponctuation, puis comment la voix monte ou descend en fonction des signes. »
Enfin, d’après les témoignages de plusieurs pédagogues et enseignants, la méthode mixte permet à l’enfant de maîtriser rapidement et efficacement la lecture. Il serait donc utile pour les enseignants et les parents d’adopter cette méthode de lecture. Rappelons, du reste, que pendant longtemps la lecture était réservée à une élite. Mais aujourd’hui la situation à travers le monde semble avoir évolué très positivement grâce à la politique de scolarisation massive des enfants de toutes les couches sociales, initiée à la fois par les Etats et les organisations internationales (entre autres l’UNICEF et l’UNESCO).
(1) Célestin Freinet est un pédagogue français (1896-1966) qui a inventé une pédagogie rigoureuse fondée sur des techniques novatrices.
(2) Françoise Demars et Catherine Nouvelle ont publié une méthode de lecture intitulée : « J’apprends à lire avec Pilou et Lalie. Méthode de lecture pour la maison. », 2002, Edition Magnard, Paris.
A propos de l’auteur : Dr. Juvénal Barankenguje est chercheur à la Faculté d’Éducation de l’Université Simon Fraser. Il est également enseignant de français langue seconde depuis plusieurs années. De plus, il a toujours été à la fois actif et bénévole dans des organismes et associations à but non lucratif. Notamment Le Repère Francophone dont il est le Vice-président et co-fondateur. Il peut-être joint au bajuvenal@lerepere.ca ou www.lerepere.ca.