Le présent article est composé de deux parties. La première aborde les obstacles majeurs à l’insertion sociale et scolaire des jeunes immigrants africains de Colombie-Britannique (C-B). La seconde, quant à elle, propose différentes voies de solutions possibles. La première partie est présentée dans ce numéro, tandis que la seconde sera publiée dans le prochain numéro.
Introduction
A partir des années 90, la province canadienne de Colombie-Britannique a accueilli, pour la première fois, des immigrants francophones originaires d’Afrique noire. Actuellement, ces immigrants africains, dont le nombre augmente d’année en année, résident dans une province où la langue dominante est l’anglais. Du coup, ils font partie des minorités linguistiques étant donné que les locuteurs francophones de Colombie-Britannique représentent un nombre insignifiant (1,64%, selon le recensement de 2001) par rapport aux anglophones (73,97%, d’après le même recensement). Pour ce faire, ils sont obligés de scolariser leurs enfants dans les écoles du Conseil Scolaire Francophone (CSF), dans l’espoir que ces derniers puissent réussir facilement leur scolarité.
Or, d’après les statistiques officielles, le taux de réussite est généralement trop bas pour cette catégorie d’apprenants : l’échec scolaire les touche de plein fouet. Ce qui suscite beaucoup d’interrogations – c’est le moins que nous puissions dire – aussi bien chez les parents d’élèves que chez les différents partenaires éducatifs : enseignants, directions scolaires, chercheurs et représentants du Ministère de l’Education provinciale. D’où cette question qui nous paraît fondamentale : comment aider ces jeunes immigrants francophones à surmonter l’échec scolaire ? En vue de mieux cerner le sujet, nous présenterons, dans cet article, deux points essentiels : les obstacles majeurs à l’insertion sociale et scolaire des élèves africains francophones, d’une part, et les voies de solutions susceptibles de favoriser leur réussite scolaire et, partant, leur intégration dans le système scolaire francophone de C.-B., d’autre part.
Les obstacles majeurs à l’insertion sociale et scolaire de ces jeunes
De prime abord, il convient de préciser que les pays d’origine de ces jeunes immigrants africains francophones sont au nombre de treize : le Bénin, le Burundi, le Cameroun, le Congo Kinshasa, le Congo Brazzaville, la Guinée Conakry, Ile Maurice, Madagascar, la Côte-d’Ivoire, la République centrafricaine, le Rwanda, les îles Seychelles et le Togo. Il est connu de tous, du reste, que beaucoup d’entre eux sont confrontés à l’échec scolaire.
Ceci nous amène inévitablement à nous interroger sur les causes de cette situation, que nous appelons, à juste titre, les obstacles majeurs à l’insertion sociale et scolaire de ces jeunes. Pour mieux appréhender ces derniers, il nous semble pertinent de connaître, dans un premier temps, les trajectoires de ces jeunes migrants depuis leurs pays d’origine jusqu’au Canada ainsi que les langues parlées au sein de leurs familles. Selon le recensement officiel de 2006 effectué en Colombie-Britannique, la communauté africaine francophone est caractérisée par une grande complexité, liée notamment aux différents statuts d’entrée au Canada et à des langues parlées.
Concernant leurs statuts d’entrée au Canada, il importe de rappeler qu’on distingue au Canada trois catégories d’immigrants : les réfugiés de guerres civiles, les immigrants économiques et les immigrants sponsorisés.
D’emblée, nous pensons que tous ces jeunes immigrants (peu importent leurs divers statuts) sont avant tout confrontés au système éducatif canadien très différent de celui qu’ils avaient connu jusque-là en Afrique. Mais leur capacité à surmonter cet obstacle dépend, en grande partie, de leurs vécus antérieurs. Il est évident, en effet, que les élèves dont les familles ont passé plusieurs années à l’étranger, dans des camps de réfugiés, auront du mal à s’en sortir puisqu’ils accusent un grand retard dans leur scolarisation. Concrètement, bon nombre d’entre eux ont été déscolarisés pendant quatre ou cinq ans. Par contre, la plupart de ceux dont les parents sont des immigrants économiques (voire sponsorisés), pourront s’adapter plus facilement au nouveau système éducatif parce que tout simplement ils ont eu la chance de suivre normalement leur scolarité dans leurs pays d’origine.
Une autre question du recensement a été posée en termes de langues parlées le plus souvent à la maison. Plusieurs réponses ont permis de conclure que la majorité de ces élèves parlent souvent en familles leurs langues maternelles et/ou d’autres langues africaines. En revanche, le français n’est jamais parlé en familles par la plupart de ces élèves pour la simple raison que leurs parents sont soit analphabètes ou très peu instruits. Par conséquent, ces derniers ne sont pas à même d’aider leurs progénitures à bien assimiler les leçons apprises en classe. C’est donc un autre obstacle non moins important qui a un impact négatif sur la réussite scolaire.
Par ailleurs, vu que la migration africaine francophone est relativement récente dans la province, il est tout à fait compréhensible que les enseignants et les éducateurs canadiens, en général, éprouvent d‘énormes difficultés – malgré leur bonne volonté – à s’adapter au niveau de connaissances de ces jeunes immigrants. En effet, à l’heure actuelle, les enseignants franco-canadiens n’ont pas été préparés à assurer un encadrement efficient et adapté à ces jeunes apprenants qui, faut-il le souligner, manifestent majoritairement des lacunes assez importantes dans plusieurs disciplines.
Dans le prochain numéro, nous aborderons la seconde partie qui concerne les voies de solutions possibles.
Comment Aider Les Elèves Africains Francophones De Colombie-Britannique a Surmonter L’échec Scolaire?
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Comment Aider Les Elèves Africains Francophones
Par Juvénal BARANKENGUJE, Afro News Vancouver.
Le présent article est composé de deux parties. La première aborde les obstacles majeurs à l’insertion sociale et scolaire des jeunes immigrants africains de Colombie-Britannique (C-B). La seconde, quant à elle, propose différentes voies de solutions possibles. La première partie est présentée dans ce numéro, tandis que la seconde sera publiée dans le prochain numéro.
Introduction
A partir des années 90, la province canadienne de Colombie-Britannique a accueilli, pour la première fois, des immigrants francophones originaires d’Afrique noire. Actuellement, ces immigrants africains, dont le nombre augmente d’année en année, résident dans une province où la langue dominante est l’anglais. Du coup, ils font partie des minorités linguistiques étant donné que les locuteurs francophones de Colombie-Britannique représentent un nombre insignifiant (1,64%, selon le recensement de 2001) par rapport aux anglophones (73,97%, d’après le même recensement). Pour ce faire, ils sont obligés de scolariser leurs enfants dans les écoles du Conseil Scolaire Francophone (CSF), dans l’espoir que ces derniers puissent réussir facilement leur scolarité.
Or, d’après les statistiques officielles, le taux de réussite est généralement trop bas pour cette catégorie d’apprenants : l’échec scolaire les touche de plein fouet. Ce qui suscite beaucoup d’interrogations – c’est le moins que nous puissions dire – aussi bien chez les parents d’élèves que chez les différents partenaires éducatifs : enseignants, directions scolaires, chercheurs et représentants du Ministère de l’Education provinciale. D’où cette question qui nous paraît fondamentale : comment aider ces jeunes immigrants francophones à surmonter l’échec scolaire ? En vue de mieux cerner le sujet, nous présenterons, dans cet article, deux points essentiels : les obstacles majeurs à l’insertion sociale et scolaire des élèves africains francophones, d’une part, et les voies de solutions susceptibles de favoriser leur réussite scolaire et, partant, leur intégration dans le système scolaire francophone de C.-B., d’autre part.
Les obstacles majeurs à l’insertion sociale et scolaire de ces jeunes
De prime abord, il convient de préciser que les pays d’origine de ces jeunes immigrants africains francophones sont au nombre de treize : le Bénin, le Burundi, le Cameroun, le Congo Kinshasa, le Congo Brazzaville, la Guinée Conakry, Ile Maurice, Madagascar, la Côte-d’Ivoire, la République centrafricaine, le Rwanda, les îles Seychelles et le Togo. Il est connu de tous, du reste, que beaucoup d’entre eux sont confrontés à l’échec scolaire.
Ceci nous amène inévitablement à nous interroger sur les causes de cette situation, que nous appelons, à juste titre, les obstacles majeurs à l’insertion sociale et scolaire de ces jeunes. Pour mieux appréhender ces derniers, il nous semble pertinent de connaître, dans un premier temps, les trajectoires de ces jeunes migrants depuis leurs pays d’origine jusqu’au Canada ainsi que les langues parlées au sein de leurs familles. Selon le recensement officiel de 2006 effectué en Colombie-Britannique, la communauté africaine francophone est caractérisée par une grande complexité, liée notamment aux différents statuts d’entrée au Canada et à des langues parlées.
Concernant leurs statuts d’entrée au Canada, il importe de rappeler qu’on distingue au Canada trois catégories d’immigrants : les réfugiés de guerres civiles, les immigrants économiques et les immigrants sponsorisés.
D’emblée, nous pensons que tous ces jeunes immigrants (peu importent leurs divers statuts) sont avant tout confrontés au système éducatif canadien très différent de celui qu’ils avaient connu jusque-là en Afrique. Mais leur capacité à surmonter cet obstacle dépend, en grande partie, de leurs vécus antérieurs. Il est évident, en effet, que les élèves dont les familles ont passé plusieurs années à l’étranger, dans des camps de réfugiés, auront du mal à s’en sortir puisqu’ils accusent un grand retard dans leur scolarisation. Concrètement, bon nombre d’entre eux ont été déscolarisés pendant quatre ou cinq ans. Par contre, la plupart de ceux dont les parents sont des immigrants économiques (voire sponsorisés), pourront s’adapter plus facilement au nouveau système éducatif parce que tout simplement ils ont eu la chance de suivre normalement leur scolarité dans leurs pays d’origine.
Une autre question du recensement a été posée en termes de langues parlées le plus souvent à la maison. Plusieurs réponses ont permis de conclure que la majorité de ces élèves parlent souvent en familles leurs langues maternelles et/ou d’autres langues africaines. En revanche, le français n’est jamais parlé en familles par la plupart de ces élèves pour la simple raison que leurs parents sont soit analphabètes ou très peu instruits. Par conséquent, ces derniers ne sont pas à même d’aider leurs progénitures à bien assimiler les leçons apprises en classe. C’est donc un autre obstacle non moins important qui a un impact négatif sur la réussite scolaire.
Par ailleurs, vu que la migration africaine francophone est relativement récente dans la province, il est tout à fait compréhensible que les enseignants et les éducateurs canadiens, en général, éprouvent d‘énormes difficultés – malgré leur bonne volonté – à s’adapter au niveau de connaissances de ces jeunes immigrants. En effet, à l’heure actuelle, les enseignants franco-canadiens n’ont pas été préparés à assurer un encadrement efficient et adapté à ces jeunes apprenants qui, faut-il le souligner, manifestent majoritairement des lacunes assez importantes dans plusieurs disciplines.
Dans le prochain numéro, nous aborderons la seconde partie qui concerne les voies de solutions possibles.
Juvénal BARANKENGUJE, PhD
Didacticien du français langue seconde
Chercheur à l’Université Simon Fraser
Vice-président & Co-Fondateur
Le Repère Francophone
Mobile: 604-551-8702
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