Par Juvénal BARANKENGUJE, PhD The Afro News Vancouver
L’auteur de cet article informe ses lectrices et lecteurs que son texte est la suite de l’article publié précédemment dans ce journal « The Afro News » (n° 9 de septembre 2010) sous le titre : « Comment aider les élèves africains francophones à surmonter l’échec scolaire ? ».
Dans le présent article, l’auteur propose différentes voies de solutions susceptibles de favoriser la réussite scolaire des jeunes élèves africains francophones et, partant, leur intégration dans le système scolaire francophone de C.-B.
Il importe de souligner que la grande majorité des familles africaines francophones de Colombie-Britannique ont inscrit leurs enfants dans les écoles du Conseil Scolaire Francophone (CSF). Or, d’après les statistiques officielles, le taux de réussite est généralement trop bas pour cette catégorie d’apprenants : l’échec scolaire les touche de plein fouet. Ce qui suscite beaucoup d’interrogations – c’est le moins que nous puissions dire – aussi bien chez les parents d’élèves que chez les différents partenaires éducatifs : enseignants, directions scolaires, chercheurs et représentants du Ministère de l’Education provinciale. D’où cette question qui nous paraît fondamentale : comment aider ces jeunes immigrants francophones à mieux réussir à l’école ? Dans les lignes qui suivent, nous allons tenter de répondre à cette question.
Afin de favoriser l’insertion sociale et scolaire des jeunes élèves africains francophones, il nous paraît indispensable d’imaginer un certain nombre de solutions susceptibles de faire face aux différents obstacles décrits dans l’article précédent.
Dans un premier temps, il reste important de comprendre les principales caractéristiques de l’implantation des Africains francophones dans la province et de pouvoir recenser les différentes recherches sur la communauté concernée dans le but de prendre en compte les différentes propositions faites par les chercheurs. A notre connaissance, il y a eu, à ce jour, quelques études portant sur la communauté africaine anglophone en Colombie-Britannique. En revanche, une seule étude à date concerne la communauté africaine francophone de Colombie-Britannique. C’est celle qui est menée actuellement par le laboratoire de recherche de la Faculté d’Education de SFU. Elle s’intitule comme suit : Intégration scolaire des élèves africains francophones en Colombie-Britannique. Nous espérons que le rapport final, qui mettra fin à cette recherche, contiendra une série de recommandations destinées à promouvoir l’intégration effective des élèves concernés dans le système scolaire francophone de Colombie-Britannique.
Une autre solution qui nous semble très pertinente consisterait à informer clairement les enseignants franco-canadiens et les différents partenaires scolaires (administrateurs, directions et autres professionnels non enseignants) – œuvrant dans les écoles primaires et secondaires du CSF – des situations dramatiques et des parcours très complexes que leurs apprenants africains ont vécus avant d’arriver au Canada. En effet, des séances d’informations et d’échanges, auxquelles seraient conviés les parents d’élèves, leur permettraient de mieux comprendre les causes des lacunes de leurs éduqués, en ce qui concerne les diverses connaissances exigées à chaque niveau de scolarité. Du coup, les enseignants et leurs partenaires éducatifs (dont les chercheurs) seraient à même de concevoir une nouvelle pédagogie adaptée au niveau de connaissances de ces élèves africains. En même temps, ils accompliraient parfaitement la mission principale assignée au CSF.
A cet égard, il convient de souligner que, depuis sa création en 1995, le Conseil Scolaire Francophone (C.S.F.) a pour mission principale d’ « offrir des programmes et des services éducatifs valorisant le plein épanouissement et l`identité francophone des apprenantes et apprenants francophones de la province. De plus, il s’engage à participer activement au développement de la collectivité francophone de la Colombie-Britannique » (Mission et vision du CSF, 2004).
Il nous paraît judicieux, enfin, de mettre en place un service de soutien scolaire dans toutes les écoles du CSF à l’intention des élèves en difficultés scolaires. Il s’agirait, en effet, d’organiser un certain nombre de séances hebdomadaires (par exemple deux séances de deux heures chacune) d’encadrement scolaire, au cours desquelles les bénévoles (qualifiés dans les disciplines scientifiques et/ou littéraires) pourraient expliquer à ces élèves en difficultés les différentes notions apprises en classe et mal assimilées.
Bref, le soutien scolaire, tel que nous l’entendons ici, est synonyme de l’encadrement scolaire au bénéfice des élèves en difficultés scolaires, notamment parmi les élèves africains francophones. A ce sujet, il importe de préciser que cette activité pédagogique de grande importance fait partie des projets prioritaires de l’association « Le Repère Francophone ». A titre d’exemple, celle-ci, fondée en février 2010, conduit actuellement des études de faisabilité en vue de démarrer, si possible, un encadrement scolaire des jeunes nouvellement arrivés ou non, à partir du mois d’octobre 2010. La réussite d’une telle entreprise ne peut être menée à bon port qu’en partenariat avec les membres des communautés concernées, les enseignants, les directions scolaires et les écoles où ces jeunes élèves sont scolarisés.
En conclusion, nous sommes conscient que la réussite scolaire est une question tellement vaste qu’on ne pourrait prétendre en discuter tous les enjeux dans cet article. Notre premier souci était de mettre l’accent (dans la première partie de l’article) sur les obstacles majeurs qui ralentissent l’intégration scolaire des élèves africains francophones de Colombie-Britannique. Ensuite, nous avons tenté (dans la seconde partie) de proposer quelques voies de solutions qui nous semblent adaptées à la situation éducative dans laquelle évoluent ces apprenants. Nous restons, toutefois, convaincu qu’il existe bien évidemment d’autres solutions pouvant aider les jeunes élèves à réussir à l’école. Nous espérons que l’étude en cours à SFU (dont il est déjà possible de lire quelques résultats dans Jacquet, Moore, Sabatier et Masinda, 2008; Jacquet, Moore et Sabatier, 2008; Moore, Sabatier, Jacquet et Masinda, 2008) et la contribution des différents partenaires éducatifs permettront, dans un avenir proche, d’aider les élèves francophones en difficultés scolaires à mieux réussir à l’école, en particulier ceux originaires d’Afrique noire.
Par Juvénal BARANKENGUJE, PhD
Didacticien du français langue seconde
Chercheur à l’Université Simon Fraser
Vice-président & Co-Fondateur
Le Repère Francophone
Mobile: 604-551-8702